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Les énergies vertes peuvent-elles se passer du numérique ?

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La réponse courte : non.
Imaginez un monde où les énergies renouvelables fonctionnent sans aucun apport numérique. Serait-ce vraiment possible ? Aujourd’hui, le numérique est partout : il optimise la production, réduit les gaspillages et facilite notre quotidien. Mais son empreinte environnementale, elle, reste lourde. Alors, le numérique est-il un allié indispensable ou un frein pour les énergies vertes ? Explorons ce paradoxe pour comprendre comment allier innovation technologique et transition écologique.

Énergies vertes et numérique

Le numérique, moteur de la transition énergétique

Le numérique s’impose comme un levier majeur pour accélérer la transition énergétique. Grâce aux smart grids, à l’IA et à l’Internet des Objets (IoT), il optimise la production, la distribution et la consommation d’énergie. Mais comment ces outils transforment-ils concrètement le secteur ?

Des réseaux électriques plus intelligents

Les smart grids révolutionnent la gestion de l’électricité. Grâce à des capteurs et à des algorithmes, ils ajustent en temps réel la production et la consommation.
En France, le projet IssyGrid à Issy-les-Moulineaux en est un excellent exemple : il équilibre le réseau, réduit les pics de consommation et diminue l’empreinte carbone locale. Dans le Finistère, le projet SmartConnect améliore la gestion de l’éclairage public, de l’eau et des déchets : à la clé, environ 20 % d’économie d’énergie. Selon l’ADEME, ces technologies pourraient réduire notre consommation d’électricité de 10 à 15 % d’ici 2030.

L’IA au cœur de l’efficacité énergétique

L’intelligence artificielle aide à predire et à optimiser la consommation. DeepMind (Google) l’a prouvé : grâce à un système d’IA, l’entreprise a réduit de 30 % l’énergie nécessaire au refroidissement de ses data centers.
L’Allemagne, avec son projet E-Wealth, a également misé sur des algorithmes d’équilibrage en temps réel entre production et demande pour limiter le gaspillage.

Mieux gérer l’intermittence

Le soleil et le vent ne produisent pas en continu. Le numérique permet de stocker l’énergie excédentaire et de la redistribuer intelligemment. Chez GE Vernova (ex-GE Renewable Energy), des capteurs IoT surveillent les éoliennes et détectent les pannes avant qu’elles n’arrivent : un gain de performance et une baisse des arrêts imprévus.

Le revers de la médaille : l’impact environnemental du numérique

Si le numérique aide les énergies vertes à se développer, il reste énergivore. Data centers, streaming, extraction de ressources rares… le paradoxe est bien réel.

Les data centers, de véritables gouffres énergétiques

Ils consomment près de 1 % de l’électricité mondiale, selon l’IEA.
Certains acteurs comme Google ou Apple affichent des engagements forts avec des data centers 100 % renouvelables, mais la majorité du secteur dépend encore des énergies fossiles.

Le streaming, un plaisir énergivore

Le streaming vidéo représente aujourd’hui environ 80 % du trafic internet et près de 300 millions de tonnes de CO₂ par an (Shift Project, 2019). Autrement dit : une heure de visionnage en haute définition a un coût caché pour la planète. Repenser nos usages devient urgent.

Une dépendance accrue au numérique

Les infrastructures renouvelables deviennent elles aussi hyperconnectées : véhicules, parcs éoliens, réseaux… Cette dépendance rend le système plus efficace, mais aussi plus vulnérable. Regardons quelques exemples.

  • Voitures électriques : les algorithmes gèrent la recharge en fonction du prix de l’électricité et de la disponibilité des énergies vertes.
  • Parcs éoliens et solaires : les capteurs IoT améliorent la productivité, mais augmentent les risques de cyberattaques — comme l’a rappelé l’incident du Colonial Pipeline en 2021.
  • Ressources critiques : la Chine contrôle 80 % de la production de terres rares, essentielles à ces technologies. Un défi géopolitique critique pour la souveraineté énergétique.

Des solutions pour un numérique plus durable

Heureusement, des initiatives voient le jour pour rendre le numérique moins énergivore. Jetons un coup d’oeil.

  • Data centers “verts” : Microsoft expérimente des centres de données sous-marins (projet Natick) : refroidissement naturel, fiabilité accrue et moindre consommation.
  • Sobriété et low-tech : le Low-Tech Lab et ses sites légers prouvent qu’on peut naviguer sur le web sans surconsommer (exemple avec le low-tech magazine).
  • Économie circulaire : avec Fairphone ou Back Market, prolonger la vie des appareils, voire les recycler (cf l’article sur le recyclage des smartphones) devient un geste écologique et citoyen.

Exemples à suivre (et écueils à éviter)

Pour illustrer ces enjeux, analysons deux exemples concrets : un buz et une flop. Attention, je ne tiens pas à pousser ou stigmatiser ces idées. Juste montrer que le numérique peut être un atout, mais aussi un frein, selon la manière dont il est utilisé.

  • Succès : la Smart City de Copenhague. La ville visait à devenir la première capitale neutre en carbone d’ici 2025. Grâce à des capteurs IoT et des algorithmes, la ville devait optimiser la consommation énergétique des bâtiments, des transports et des infrastructures. Résultat : une réduction de 70 % des émissions de CO₂ depuis 2009.
  • Limite : l’échec des fermes solaires intelligentes en Australie. En 2018, le projet de ferme solaire intelligente de Sundrop Farms en Australie a échoué en raison de coûts trop élevés et de problèmes techniques liés à la gestion numérique des panneaux solaires.

Et nous, que pouvons-nous faire ?

Chacun peut contribuer à réduire l’empreinte environnementale du numérique et à soutenir les énergies vertes. Voici quelques actions simples et efficaces que je vous encourage à mettre en place dès aujourd’hui.

  • Soutenir les initiatives locales. Participez à des projets de production d’énergie renouvelable, comme les coopératives solaires (par exemple enercoop).
  • Sensibiliser et militer. Soutenez les associations et politiques publiques qui promeuvent un numérique sobre et des énergies vertes.

Trouvons l’équilibre

Le numérique ne remplacera pas les énergies vertes, mais il peut les renforcer — à condition d’en maîtriser les effets. Le défi n’est pas de s’en passer, mais de l’utiliser autrement : avec sobriété, bon sens et transparence.
Vers un futur plus durable, l’innovation et la modération devront avancer main dans la main.

Le numérique est un outil puissant pour accélérer la transition énergétique, mais nous devons maîtriser son utilisation pour éviter de créer de nouveaux problèmes environnementaux. Les énergies vertes peuvent-elles se passer du numérique ? Probablement pas entièrement, mais elles peuvent en réduire la dépendance en privilégiant des solutions sobres et durables. La clé réside dans un équilibre entre innovation technologique et sobriété, ainsi que dans une régulation forte pour garantir un numérique au service de la planète.

Pour aller plus loin, explorez les rapports de l’ADEME, du Shift Project et les initiatives comme le Green IT ou le Low-Tech Lab. Ensemble, agissons pour un numérique responsable et des énergies vertes accessibles à tous.

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