Les informations sur le livre
- Titre complet : Pour une écologie numérique
- Auteur : Éric Vidalenc
- Date de publication : 2019
- Éditeur : Les Petits Matins / Institut Veblen
- Nombre de pages : 128
L’auteur en quelques lignes
Éric Vidalenc est un expert en prospective énergétique et environnementale. Il travaille à l’ADEME, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (directeur régional adjoint de l’Ademe Hauts-de-France) et est président du Conseil scientifique REV3. Ses travaux portent principalement sur les scénarios de transition énergétique et les impacts environnementaux du numérique.

Résumé du livre
L’ouvrage est structuré en quatre parties principales :
L’ouvrage explore les relations complexes entre la transition numérique et la transition énergétique. Vidalenc commence par exposer les caractéristiques de ces deux grandes transitions, soulignant leurs différences et leurs contradictions potentielles. La transition énergétique, imposée par les limites des ressources et le changement climatique, vise des changements structurels sur le long terme. En revanche, la transition numérique se caractérise par une diffusion rapide des technologies et une logique d’accélération.
L’auteur examine ensuite les apports potentiels du numérique dans divers domaines comme l’habitat, les réseaux électriques, l’industrie, l’agriculture, les villes et les transports. Il met en lumière les gains d’efficacité permis par le numérique, tout en soulignant leurs limites, notamment les effets rebond qui peuvent annuler les économies réalisées.
Vidalenc identifie plusieurs problèmes posés par le numérique actuel, tels que la surabondance de données, la disruption permanente, les innovations parfois déconnectées des enjeux écologiques, l’augmentation des déchets électroniques, et les questions de gouvernance liées au pouvoir croissant des géants du numérique.
Face à ces constats, l’auteur propose des pistes pour mettre le numérique au service de l’écologie. Il plaide pour une approche plus réfléchie et responsable du développement et de l’utilisation des technologies numériques, en prenant en compte leur impact social et environnemental au-delà des considérations purement techniques ou économiques.
Les problématiques abordées
La tension entre transition énergétique et transition numérique. Vidalenc met en lumière le paradoxe entre une transition énergétique nécessaire mais contraignante, et une transition numérique désirée mais potentiellement néfaste pour l’environnement. Il souligne que ces deux transitions, souvent perçues comme complémentaires, peuvent en réalité entrer en conflit.
Les limites de l’optimisation par le numérique. L’auteur remet en question l’idée que le numérique permettrait une optimisation systématique des processus énergétiques. Il montre que les gains d’efficacité sont souvent contrebalancés par des effets rebonds ou des consommations induites.
L’impact environnemental invisible du numérique. Vidalenc attire l’attention sur l’impact écologique croissant du numérique : consommation d’énergie, extraction de matières premières, production de déchets électroniques. Il souligne que cette empreinte est souvent sous-estimée ou ignorée du au fait que les infrastructures permettant de consommer le numérique est de mois en moins visible des utilisateurs.
Les dérives du solutionnisme technologique. L’ouvrage critique la tendance à considérer le numérique comme une solution miracle à tous les problèmes, y compris environnementaux. Vidalenc met en garde contre les innovations gadgets ou hors-sujet qui détournent l’attention des véritables enjeux.
La gouvernance et l’éthique du numérique. L’auteur soulève des questions importantes sur la gouvernance des technologies numériques, notamment en termes de protection des données, de cybersécurité et de démocratie. Il plaide pour une réappropriation citoyenne de ces enjeux.
La nécessité d’une sobriété numérique. Vidalenc défend l’idée d’une utilisation plus raisonnée et sobre du numérique, en phase avec les objectifs de la transition écologique. Il propose de repenser nos usages et de développer notre capacité à nous passer du numérique quand c’est pertinent.
Solutions envisagées
Éric Vidalenc propose plusieurs pistes de solutions pour réconcilier transition numérique et transition écologique. L’auteur plaide pour une approche plus réfléchie et responsable du développement et de l’utilisation des technologies numériques.
Tout d’abord, Vidalenc insiste sur la nécessité de remettre le numérique à sa juste place. Il ne doit être ni diabolisé ni considéré comme une solution miracle, mais plutôt comme un outil au service d’objectifs définis démocratiquement. L’auteur souligne l’importance de considérer le numérique comme complémentaire à d’autres approches, notamment les solutions low-tech et celles fondées sur la nature.
Une transformation profonde du numérique est également préconisée. Vidalenc appelle à l’écoconception des équipements et des logiciels, à l’allongement de la durée de vie des appareils par une meilleure réparabilité et des mises à jour plus durables. Il met l’accent sur l’importance du recyclage et de l’économie circulaire dans le secteur numérique, ainsi que sur la nécessité d’améliorer la sobriété énergétique des data centers et des réseaux.
L’auteur insiste sur le changement de nos pratiques numériques. Il encourage des usages plus raisonnés et ciblés, la lutte contre l’obsolescence marketing, le développement du réemploi et de la seconde main. Vidalenc souligne également l’importance d’apprendre à se déconnecter, pour réduire notre dépendance au numérique.
La régulation du secteur numérique est un autre axe majeur des solutions proposées. L’auteur plaide pour un encadrement plus strict des géants du numérique, une meilleure protection des données personnelles, et une lutte accrue contre l’obsolescence programmée. Il encourage également le soutien à des alternatives éthiques et open source.
Enfin, Vidalenc appelle à une réorientation de l’innovation numérique. Il propose de focaliser les efforts d’innovation sur les enjeux écologiques prioritaires, de soutenir les innovations frugales et low-tech, et de développer une intelligence artificielle verte, conçue dans une optique de durabilité.
En somme, l’auteur dessine les contours d’une « écologie numérique » qui mettrait la technologie au service d’une véritable transformation de nos systèmes énergétiques et de nos modes de vie. Cette approche vise à réconcilier innovation technologique et impératifs environnementaux, en plaçant la sobriété et la durabilité au cœur de notre rapport au numérique.
Les notes
Facilité de lecture : 4. Le style d’écriture est clair et accessible pour un public non expert. L’auteur explique bien les concepts techniques, rendant le sujet compréhensible pour un large public.
Rigueur méthodologique, Exactitude des données et des faits : 4. L’argumentation est solide et bien structurée. L’auteur s’appuie sur des sources variées et fiables, notamment des rapports de l’ADEME et d’autres institutions reconnues.
Pertinence du contenu et Qualité des illustrations ou exemples : 4.5. Le contenu est très pertinent, abordant des problématiques contemporaines cruciales. L’auteur utilise des exemples concrets dans divers domaines (habitat, industrie, agriculture) pour illustrer ses propos.
Originalité et impact émotionnel ou intellectuel : 4. L’approche de l’auteur, qui cherche à réconcilier transition numérique et écologique, est relativement originale. Le livre suscite une réflexion profonde sur notre rapport au numérique.
Impact environnemental ou sociétal, et Applicabilité des solutions proposées : 3.5. L’analyse des impacts est approfondie. Les solutions proposées sont concrètes, mais leur applicabilité à grande échelle peut parfois sembler difficile dans le contexte actuel.
Équilibre et objectivité : 4. L’auteur présente une vision équilibrée, reconnaissant à la fois les avantages et les limites du numérique. Il évite les positions extrêmes, ce qui renforce la crédibilité de son propos.
En conclusion, Éric Vidalenc propose une réflexion nuancée et constructive sur l’articulation entre transition numérique et transition écologique. Sans tomber dans la technophobie, l’auteur invite à repenser notre rapport au numérique pour le mettre véritablement au service d’une société plus durable. Il plaide pour un numérique sobre, centré sur les besoins essentiels, et régulé démocratiquement. Cette « écologie numérique » apparaît comme une voie prometteuse pour réconcilier innovation technologique et impératifs environnementaux.