Tendre vers la sobriété numérique de Frédéric Bordage

Les caractéristiques techniques

• Titre complet : Tendre vers la sobriété numérique – Je passe à l’acte
• Auteur : Frédéric Bordage
• Date de publication : 2021
• Éditeur : Actes Sud
• Nombre de pages : 96 pages

Quelques mots sur l’auteur

Ancien informaticien puis consultant informatique, Frédéric Bordage est un expert dans le domaine du numérique responsable. Il est fondateur du collectif GreenIT.fr, créé en 2004 pour promouvoir un numérique plus durable et responsable. Ce livre s’inscrit dans la continuité de son précédent ouvrage, Sobriété numérique. Les clés pour agir (2019), et vise à fournir des solutions concrètes pour réduire l’impact environnemental du numérique.

Résumé du livre

Le livre est structuré autour d’une réflexion sur les impacts du numérique et propose des actions concrètes pour adopter une posture de sobriété numérique. Voici les principaux thèmes abordés :

• L’impact caché du numérique. Le numérique n’est pas immatériel : il repose sur des infrastructures physiques (serveurs, terminaux, réseaux) qui consomment énormément d’énergie et de ressources naturelles. La fabrication des appareils représente 80 % de leur empreinte environnementale. Par exemple, l’extraction des métaux rares comme le coltan entraîne des dégâts écologiques et humains considérables.
• Les chiffres clés. À l’échelle mondiale, le numérique comprend environ 36 milliards d’appareils pesant 225 millions de tonnes. En France, chaque foyer possède entre 15 et 45 équipements numériques.
• Les effets sur la santé humaine. Addiction aux écrans et surcharge cognitive sont des conséquences directes d’une utilisation excessive du numérique. Le design des applications favorise des comportements addictifs en jouant sur les circuits de récompense du cerveau.
• La sobriété numérique comme solution. La sobriété consiste à limiter la consommation d’appareils numériques, à prolonger leur durée de vie et à privilégier leur réemploi. Des gestes simples comme éteindre ses appareils inutilisés ou éviter le stockage massif dans le cloud peuvent réduire significativement l’impact environnemental.
• Actions individuelles et collectives. À titre individuel : réparer ses appareils au lieu de les remplacer, acheter des équipements reconditionnés ou durables (comme le Fairphone), réduire l’utilisation quotidienne d’Internet et des services gourmands en données (streaming, cloud). À titre collectif : soutenir des initiatives comme GreenIT.fr ou Halte à l’obsolescence programmée, militer pour des politiques publiques favorisant le réemploi, le droit à la réparation et l’écoconception.

En conclusion

Frédéric Bordage met en lumière plusieurs problématiques majeures liées au numérique :

• L’épuisement des ressources naturelles : Le rythme actuel de consommation rend inévitable une pénurie de matériaux critiques dans les prochaines décennies.
• Les impacts environnementaux : La fabrication d’appareils numériques génère une pollution massive, notamment via les déchets électroniques mal recyclés.
• Les dérives sociales : Les conditions de travail dans les chaînes d’approvisionnement (extraction minière, usines d’assemblage) sont souvent inhumaines.
• La dépendance psychologique : L’économie de l’attention favorise une utilisation compulsive du numérique, au détriment du bien-être mental.

L’auteur propose une approche en trois axes principaux :

1. Réduire la fabrication d’équipements. Mutualiser les appareils au sein des foyers ou communautés locales et acheter uniquement ce qui est nécessaire après avoir évalué ses besoins réels.
2. Allonger la durée de vie des appareils. Privilégier les produits modulaires et réparables et utiliser les indices de réparabilité pour guider ses achats.
3. Promouvoir un usage raisonné. Limiter les usages superflus comme le streaming vidéo en haute définition ou le stockage excessif dans le cloud et favoriser les solutions low-tech lorsque possible (par exemple les cartes papier au lieu d’applications GPS).

Si on pouvait retenir quelques citations

• « Le numérique n’a rien d’immatériel. Au rythme actuel, cette ressource sera épuisée dans trente ans » (p.12).
• « La clé est simple : moins d’équipements qui durent plus longtemps » (p.30).
• « Apprendre à se déconnecter est essentiel pour réduire progressivement ses usages numériques aux besoins essentiels » (p.78).

Mon avis : Dans un monde dominé par le numérique, ce livre simple et rapide à lire, offre un guide pratique pour adopter une démarche écoresponsable tout en sensibilisant aux enjeux globaux liés à cette transition essentielle. L’auteur reste modéré et ne fait aucune critique violente sur des sujets comme le solutionnisme technologique par exemple (je suis en train de lire Evgeny Morozov). Les idées proposées sont claires et simples, c’est un livre parfait à donner ou prêter à vos connaissances qui commencent à se poser des questions sur l’impact environnemental de leur utilisation du numérique.

J’adore.